Le 14 novembre 1998, on a en mémoire les images de Lansana Béa Diallo après avoir conservé son titre de champion intercontinental IBF de boxe à Conakry (Guinée), faire un clin d’œil à son fils Ibrahima qui venait de naître la même année. Vingt-cinq ans plus tard, le garçon a grandi et est devenu un homme. Au point de suivre les traces du paternel et entamer une carrière professionnelle.
Si pour certains la route était toute tracée, ce dernier affirme avoir pratiqué le football avant de se rendre à l’évidence et virer à la boxe. «Au début je ne m’intéressais pas à la pratique de la boxe. Jusqu’à mes 15 ans, je pratiquais le football», révèle le jeune boxeur. Et d’évoquer les raisons qui l’ont poussé à opter pour la pratique de la boxe. « De base j’étais très turbulent et à chaque fois, je me battais. Donc quand c’est arrivé à un certain niveau, comme j’aimais me battre, j’aimais la compétition, j’ai opté pour la boxe. Et c’est allé comme ça. Déjà que c’est dans l’ADN, ce n’est pas difficile», explique Ibrahima Diallo.
Même s’il n’a pas eu la chance d’assister aux combats de son père, étant très jeune, il a pu visionner les vidéos de ce dernier. Il replonge dans les souvenirs «J’ai vu tous les combats de mon père. Ce qu’il faisait était très fort. Mais son combat face à Rob Bleakley à Conakry, il avait quelque chose de spécial. Et cette chose, c’était le soutien du peuple de Guinée. J’espère bénéficier du même soutien pour me surpasser sur le ring et aller chercher mon premier titre majeur chez les professionnels », plaide Ibrahima Diallo.
Etre le fils d’un champion n’est pas chose aisée. C’est un héritage difficile à traîner surtout si le papa se nomme Béa Diallo, septuple champion intercontinental IBF. Pour Ibrahima Diallo, c’est une pression supplémentaire qu’il estime ne pas le déranger pour autant. « J’ai appris à faire avec cette pression d’être le fils de Béa, un champion intercontinental. Ça ne me dérange pas. Cette pression je l’ai depuis mes débuts il y a dix ans maintenant. Et ça sera toujours comme ça ».
Faire mieux que le papa
Frustré après son match nul concédé lors de son dernier combat, le boxeur ne baisse pas la garde. Moins d’un mois seulement après ce combat, Ibrahima Diallo remonte déjà sur le ring. Il veut cependant suivre les traces du paternel septuple champion du monde. Une mission difficile mais pas impossible fait-il savoir. « Ce n’est quand même pas anodin. Il a été 7 fois champion du monde. C’est incroyable et avec le temps, on se rend compte de l’immensité de ses performances. Je n’ai pas encore atteint son niveau. J’espère faire mieux que lui et c’est ce qu’il souhaite aussi. Il y a aussi certaines choses, il dit que je suis en avance sur lui à mon âge. Il faut continuer à travailler et garder la même discipline ».
Celui qui s’est inspiré de boxeurs comme Mohamed Ali (Kassius Klay), Sugar Ray Léonard ou encore son papa, compte sur ses qualités pour atteindre les sommets. Gaucher, le natif de Bruxelles (Belgique) parle de ses forces. « Mes meilleures qualités sont la vitesse et l’intelligence. Ma force ce sont mes esquives, mon coup d’oeil et la vitesse des bras. Je ne suis pas Mike Tyson. Il a ses qualités j’ai les miennes», décrit le Bruxellois.
«Devenir le meilleur boxeur du monde dans quatre ans»
Ce combat, c’est aussi celui pour l’obtention d’une ceinture et surtout intégrer le top 40 mondial. Sur son chemin se dresse Emile Brits. Le Sud-africain reste sur une série de 5 victoires dont 3 par KO et 1 défaite. Pas de quoi impressionner le jeune boxeur. « Aujourd’hui dans ma tête, je peux battre n’importe quel boxeur, en restant humble bien sûr. Je ne peux pas dire que je suis meilleur que le numéro un de ma catégorie. Mais si je monte dans un ring c’est pour battre mon adversaire». Après avoir passé plus de deux mois aux Etats-Unis où il a pris part à un championnat du monde des -25 ans, le boxeur a rejoint Conakry pour la suite de sa préparation. Avec plus de cinq heures d’entraînement par jour, il se dit prêt à en découdre avec le Sud-africain. « Quand il dormait je m’entrainais, quand il mangeait je m’entrainais, quand il buvait je m’entrainais. Avec le soutien de mon peuple, je pense qu’Emile Brits va passer un mauvais quart d’heure sur le ring avec moi », prédit Ibrahima Diallo.
Invaincu depuis le début de sa carrière professionnelle avec un bilan de 7 victoires et 2 nuls en 9 combats, Ibrahima Diallo ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le Bruxellois de naissance rêve grand. De l’expérience, il continue d’en emmagasiner. Après son échec au dernier tour qualificatif des JO de Tokyo, le boxeur se veut optimiste. « Pour la qualification aux JO j’ai perdu au dernier tour face à un Congolais. J’étais très jeune à l’époque et ma préparation n’a pas été optimale fait-il savoir. Et de poursuivre « Mon rêve c’est d’être le numéro 1 mondial. Le processus prend du temps. On s’est fixé quatre ans pour y arriver au titre mondial. Il me reste quatre ans encore pour atteindre le top niveau. Ce sont des étapes que je suis. Décrocher une médaille olympique c’est mon rêve. J’ai déjà participé aux qualifications en 2019. C’est compliqué certes, mais je donnerai tout pour offrir une médaille olympique à la Guinée. Ce qui serait historique» rassure Ibrahima Diallo.
Vingt-cinq après la victoire de son papa Béa Diallo face à l’américain Rob Bleakley, qui l’avait permis de conserver sa ceinture de champion intercontinental IBF à domicile, Ibrahima Diallo a la chance de suivre les traces de son paternel. Une victoire face à Emile Brits lui permettra de conserver son invincibilité et rentrer dans une autre dimension. C’est-à-dire intégrer le top 40 mondial. Une occasion en or pour se faire une place dans le cœur des guinéens comme son illustre papa il y a 25 ans.
Lansana Béa Diallo fils de Ibrahima Diallo
Mamadou Gongorè DIALLO